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Témoignage de H.N.

« Je suis une maman d’un enfant harcelé au collège. C’est difficile de témoigner de la douleur et de la souffrance dans laquelle le harcèlement a plongé toute une famille. Ma fille a été harcelée par une camarade et « sa bande ». Des mots durs, des moqueries et des insulte sur les réseaux sociaux dans des groupes privés, jusqu’au jour où ma fille a explosé. C’était une situation dégradante, humiliante et insupportable. En tant que maman, j’étais allée voir la direction du collège pour en parler dans mon inquiétude et le vécu et la souffrance de ma fille ont été minimisé.

La direction est dans le déni du harcèlement et elle jette la responsabilité sur ma fille. Depuis cet incident, ma fille était la cible de la direction (intimidation, pression, humiliation). La situation a pris une autre tournure, un acharnement contre ma fille (certains professeurs sont plus sévères avec elle malgré que ma fille ait toujours été une bonne élève, sans problèmes de comportement avec des bons résultats). Je ne parle même pas de la souffrance produite, mais aussi du stress provoqué chez elle. Une peur d’aller à l’école, de se comporter comme n’importe quel enfant de son âge sans être jugée ou stigmatisée. La conséquence est une baisse des résultats scolaires, un désintérêt pour l’école et même pour ses activités favorites – la musique et le théâtre.

La situation s’est empirée de jour en jour, et toute la famille est plongée dans une atmosphère de stress, de peur et d’angoisse. Mon fils qui est scolarisé dans le même établissement subissait aussi les moqueries des élèves. Moi-même je ne dors plus, j’ai la boule au ventre, j’ai perdu le goût de la vie, je me sens dépassée par les événements et je n’arrive plus à avoir du recul afin d’aider et soutenir ma fille et ma famille. Un sentiment d’être seule, non comprise et un déni total du harcèlement scolaire par les autres. Jusqu’au jours où j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai contacté l’association contre le harcèlement scolaire « Parle, je t’écoute ». J’ai enfin senti qu’il y avait une personne qui peut comprendre ce que nous subissons et mesurer le degré de la souffrance et le désespoir. J’ai partagé avec l’association mon combat contre ce collège et ses agissements.

Malheureusement, ma fille et mon fils étaient forcés indirectement de quitter le collège. Mais même en quittant le collège pour aller dans un autre, la principale de l’ancien collège a continué de harceler ma fille en propageant des rumeurs et en donnant une image dégradante et mauvaise à ma fille. Et le même scénario se répète, ma fille a été la cible de moqueries et de diffamations. Ma fille refuse d’aller au collège et trouve des prétextes divers (style vestimentaire, malade, fatigue…), une colère contre cette injustice et pire elle ne fait plus confiance à personne. Elle est dans la méfiance, dans la peur d’être humiliée et rabaissée. C’est très difficile pour n’importe quelle maman de voir son enfant en souffrance sans pouvoir faire quelque chose pour le protéger ou faire cesser ce harcèlement. Il y a des jours où je me dis que je n’ai plus de forces pour continuer le combat mais pour ma fille et ma famille, j’arrive toujours à me ressourcer et avoir cette force de parler et de tirer la sonnette d’alarme pour alerter sur ce phénomène qui reste tabou. Je ne peux que vous dire : agissez tous – enfants, parents et autres – parlez de tout ce que vous vivez.

L’association « Parle, je t’écoute » m’a accompagnée et soutenue durant des mois. Pouvoir exprimer et partager tout ce que nous vivons est déjà énorme.

Merci à l’association. »

Merci de tout cœur à H.N. pour son témoignage.